Le soleil se lève à l’Est pour le secteur portuaire africain. Alors que, depuis vingt ans, l’actualité portuaire du continent a essentiellement été nourrie par les ports de la Côte ouest-africaine (COA), golfe de Guinée inclus, qui ont connu une phase de développement inédite pour moderniser leurs bassins et ainsi être en mesure de recevoir les navires XXL mis en ligne par les armateurs, c’est au tour de leurs homologues de la façade orientale du continent de se mettre à niveau. « Il ne s’agit pas d’un retard à combler vis-à-vis de l’Ouest, mais davantage d’entamer une phase de renouvellement des ports », précise Olivier de Noray, directeur des ports & terminaux chez Africa Global Logistics (AGL – ex Bolloré).
La configuration spatiale et géographique, ainsi que les politiques de gestion des ports mises en place par les États, expliquent en partie ce choix de la rangée Est au profit de la côte Ouest, la seconde manutentionnant chaque année, selon les statistiques du Lloyd’s List, un trafic conteneurisé deux fois plus important en volume que la première. « Il faut d’abord rappeler qu’il n’y a que neuf pays côtiers sur cette façade et que celui qui dispose du plus long littoral est la Somalie. Le nombre de ports reste donc très limité, par rapport notamment au golfe de Guinée », rappelle Aboubaker Omar Hadi, président depuis 2011 de l’Autorité des ports et des zones franches de Djibouti (APZFD).
En plus de servir leurs marchés domestiques, les grands ports de l’Est, Djibouti, Mombasa, Dar-es-Salam et Durban desservent également neuf pays enclavés, dix en incluant l’Est de la RD Congo, soit une population totale de près de 500 millions de personnes contre plus de 600 millions pour l’ensemble des pays reliés depuis la côte Ouest. Malgré ce différentiel, la part des marchés enclavés pèse plus lourd, en matière d’activité portuaire, du côté oriental (60 %) qu’occidental (50 %), obligeant les portes maritimes de l’Est à s’appuyer sur des corridors terrestres efficaces pour desservir correctement leur hinterland.