Les principaux ports d’Europe du Nord, Anvers, Rotterdam et North Sea Ports accusent un repli de trafics. Des baisses qui s’étendent de 5% à 11%.
Des ports de Rotterdam à Anvers en passant par North Sea Ports, la récession économique touche le monde portuaire. Et ces baisses de trafic restent importantes. En effet, elles s’étendent de 11% pour North Sea Ports à 5,5%. Néanmoins, cette baisse doit être quelque peu relativisée. Effectivement, au premier semestre 2022, les trafics ont atteint des records. Alors, avec la récession économique du premier semestre, les trafics s’inscrivent en baisse.
La baisse des trafics de fertilisants
L’analyse par types de courants montre que cette baisse est générale. Ainsi, les vracs secs perdent du volume dans les différents ports. Dans le port d’Anvers-Bruges, les vracs secs enregistrent une baisse de 12,9% à 7,6 Mt. Cette diminution de trafic tient principalement à la baisse des flux de fertilisants. Ils perdent 19%, indique l’autorité portuaire. De plus, le port d’Anvers-Bruges souffre de la baisse des trafics de charbon. Après la reconstitution des stocks en 2022 et début 2023, ce courant s’est atténué en raison de l’hiver doux. Ils perdent 32,4% sur le semestre. Seuls les matériaux de construction (sables et graviers) augmentent de 16%.
Le charbon s’amenuise
La même situation se décline dans les ports de North Sea Ports. La diminution de 9% à 18,4 Mt, tient principalement à des apports de charbon en baisse. Le « surstockage » entrepris l’automne dernier n’a pas été consommé. L’hiver doux n’a pas amené la consommation attendue. Si Anvers-Bruges gagne sur les matériaux de construction, North Sea Ports perd sur le clinker. Le secteur du BTP souffre dans l’hinterland du port. Du côté du port de Rotterdam, les vracs secs perdent 11,7% à 34,7 Mt. Comme ses concurrents, le charbon perd de son volume. Outre l’utilisation d’énergies renouvelables pour l’électricité, le port de Rotterdam a pâti de la baisse de la demande des sidérurgistes. Les seules progressions sont à mettre à l’actif des sorties de ferrailles pour les sidérurgistes turcs. Les produits agricoles enregistrent une progression importante sur ce semestre. Le classement erroné de certaines cargaisons au cours du premier semestre 2022 a amené à corriger les trafics. Donc, le trafic réel n’a progressé que de 8,5% par des importations de graines oléagineuses.
La demande en berne de l’industrie chimique
Du côté des vracs liquides, la baisse de trafics reste plus nuancée à Anvers-Bruges et Rotterdam. Elle est importante dans les North Sea Ports. En effet, les trois ports de Flessingue, Terneuzen et Gand, regroupés dans North Sea Ports, perdent 18% de leur volume à 7,1 Mt. Les entrées de GNL, naphta, diesel et produits chimiques accusent le pas. Pour sa part, Anvers-Bruges enregistre un repli de 3,2% à 45,8 Mt. Une diminution liée à la demande en berne des produits chimiques. Ils perdent 15,4%. La hausse du prix de l’énergie a eu raison de l’industrie chimique. D’autre part, le GNL se stabilise avec une faible perte de 1,4%. Des réductions qui sont partiellement compensées par la progression des trafics de diesel. Enfin, à Rotterdam, les vracs liquides se contractent de 0,6% à 104,8 Mt. Les baisses du pétrole brutet des produits pétroliers sont compensés par la progression du GNL. Rotterdam a su diversifier ses entrées de pétrole brut. Avec la fin des importations de pétrole depuis la Russie, les opérateurs de Rotterdam s’approvisionnent aux États-Unis, en Norvège et en Afrique de l’Ouest.
Baisse des conventionnelles généralisée
Enfin, les trafics de marchandises conventionnelles reviennent à des niveaux d’avant la pandémie. Certes, les ports affichent des baisses de trafic par rapport à 2022. Mais, l’année passée a été exceptionnelle. Ainsi, à Anvers-Bruges, les conventionnelles sont en baisse de 17,2% par rapport à l’année dernière à 5,3 Mt. Ils perdent 17,2% par rapport à 2022. Dans les North Sea Ports, les conventionnelles perdent 11% à 5 Mt.
Roulier : le marché britannique pèse pour Rotterdam
Toujours dans cette catégorie, les trafics rouliers se stabilisent à Anvers-Bruges à 10,9 Mt, soit une baisse de 0,1%. Une baisse qui se répercute aussi à North Sea Ports avec une diminution de 4% à 19 Mt. Dans le port de Rotterdam, le trafic enregistre une réduction de 3,2% à 13,3 Mt. Le trafic roulier subi la baisse de la demande en Europe de voitures. Plus particulièrement, le port de Rotterdam subi de plein fouet un contexte économique britannique en récession.
Conteneurs : Anvers-Bruges voit sa part de marché croître
Dernière catégorie, les conteneurs n’ont pas pu faire front à un contexte économique complexe. À Rotterdam, ce courant perd 8,1% à 6,7 MEVP. Une baisse attribuée aux suites du conflit en Ukraine et des sanctions contre la Russie, d’une part. D’autre part, les importations en provenance d’Asie se réduisent. Il reste un élément positif dans ce contexte avec l’amélioration de la fiabilité des lignes régulières. Anvers-Bruges s’inscrit dans la même veine avec une diminution de 5,2% à 6,4 MEVP. Une réduction que le port relativise. La baisse sur les trois premiers mois a été plus forte que sur le deuxième trimestre. De plus, le port belge assure que sa part de marché dans le range Manche-Mer du Nord progresse de un point à 30,6%. Enfin, North Sea Ports suit le mouvement avec une diminution de 1,5% à 110 000 EVP.