Grandi Navi Veloci (GNV) a fĂȘtĂ© ses 30 ans au port de Barcelone. AprĂšs une saison estivale en progression, lâarmement sâengage dans une stratĂ©gie de consolidation de ses marchĂ©s. Il investit dans quatre navires plus Ă©cologiques. NĂ©anmoins, lâentrĂ©e en vigueur du systĂšme des ETS prĂ©occupe la direction gĂ©nĂ©rale.
Lâarmement italien a choisi le port de Barcelone pour souffler ses 30 bougies. CrĂ©Ă© en 1992, Grandi Navi Veloci (GNV) rĂ©alise sa premiĂšre traversĂ©e en 1993. Lâarmement italien va dĂ©velopper des lignes en MĂ©diterranĂ©e pour devenir aujourdâhui un acteur incontournable tant pour le trafic passager que le fret.
Des synergies avec MSC
Ainsi, au cours de ces trois dĂ©cennies, GNV grandi. En 2013, soit aprĂšs 20 ans dâexistence, lâarmement change de mains. Il est repris par le groupe MSC. « Cela constitue une Ă©tape importante de la vie de la sociĂ©tĂ©. Le rachat par MSC nous a permis de franchir une nouvelle Ă©tape dans notre croissance », nous a confiĂ© un responsable de lâarmement. Et des similitudes entre les deux armateurs, il en existe. Ainsi, tant chez MSC que chez GNV, le trafic de fret et de passagers constitue lâADN des deux armements. Dâautres synergies se rĂ©alisent comme celles avec le centre de formation de MSC et les accords avec les chantiers navals.
Des agents de voyage « Premium »
AprĂšs ces trois dĂ©cennies, GNV sâappuie aujourdâhui sur un rĂ©seau important dâagences de voyage pour vendre ses prestations en Europe et vers lâAfrique du Nord. Alors, Ă lâoccasion de ce trentiĂšme anniversaire, GNV a dĂ©cidĂ© de rĂ©aliser la remise de ses Awards dans le port espagnol de Barcelone. Devant lâassemblĂ©e constituĂ©e de plus de 300 agents de voyage venant dâItalie mais aussi dâautres pays, GNV a annoncĂ© la crĂ©ation dâune catĂ©gorie dâagents « premium ». Ce statut est rĂ©servĂ© aux dix agents de voyage qui se dĂ©marquent par leurs performances commerciales et la synergie quâils dĂ©veloppent avec la compagnie maritime.
Une hausse de 7% depuis janvier
Au cours de cette cĂ©rĂ©monie, la direction gĂ©nĂ©rale de GNV a prĂ©sentĂ© ses rĂ©sultats de la saison 2023. Les chiffres sont encourageants. LâannĂ©e 2023 confirme le retour Ă la croissance aprĂšs les annĂ©es Covid au cours desquelles GNV a subi les effets de la baisse des dĂ©placements. Alors, sur la saison estivale 2023, les chiffres attestent de la croissance de lâarmement. Au cours de lâĂ©tĂ©, le trafic passagers augmente de 1% par rapport Ă 2022. Pour aller plus loin, GNV annonce une progression de 7% sur la pĂ©riode de janvier Ă septembre.
Une baisse depuis le mois de mai
La meilleure progression estivale revient aux lignes maritimes sur la Sardaigne. Elles affichent une progression de 6%. Le Maroc et lâAlbanie totalisent une hausse de 3% de leurs trafics passagers. Quant au Maroc, il reste en positif avec une augmentation de 1% de son trafic. Des rĂ©sultats qui confirment la particularitĂ© de cette annĂ©e. En effet, de lâĂ©tĂ© 2022 au mois de mai, « la saison a Ă©tĂ© magique avec des progressions importantes », indique la direction. Ensuite, le retour de lâinflation a plongĂ© certaines destinations dans une impasse. Des pays ont perdu jusquâĂ 20% de leur trafic, souligne la direction sans aller plus en dĂ©tail.
Le fret entre pour 30%
ParallĂšlement au trafic de passagers, le fret reprĂ©sente aussi une part importante des revenus de la compagnie. Ils entrent pour environ 30%. Des lignes qui rĂ©alisent principalement des trafics pour des remorques non accompagnĂ©es sur les longues distances comme le Maroc et la Tunisie. Pour les liaisons plus courtes, Ă lâimage des navires reliant Naples et Palerme ou GĂȘnes et Palerme, les navires chargent des ensembles routiers avec chauffeurs.
Un opĂ©rateur dâautoroutes de la mer
Et pour le fret, GNV se positionne comme un opĂ©rateur dâautoroutes de la mer. En offrant des solutions intermodales pour rĂ©duire le transport routier, GNV se place aussi comme un dĂ©veloppeur de solutions logistiques. « Nous travaillons avec des secteurs comme la pharmacie, les produits frais par exemple sur les lignes courtes », continue Matteo Catani, PrĂ©sident directeur gĂ©nĂ©ral de GNV. Quant aux lignes plus longues, Ă lâimage de celle depuis le port de SĂšte vers Nador et Tanger, elles rĂ©alisent des trafics plus diversifiĂ©s. Elles embarquent majoritairement des remorques non accompagnĂ©es.
Consolider les lignes actuelles
AprĂšs les rĂ©sultats satisfaisants de cet Ă©tĂ©, GNV se tourne vers lâavenir. Lâobjectif pour 2023 et les premiers mois de 2024 vise Ă consolider sa position sur ses lignes actuelles. Une position que le directeur des ventes et du marketing, Matteo Della Valle confirme. « AprĂšs nous ĂȘtre considĂ©rablement renforcĂ©s ces derniĂšres annĂ©es en termes de flotte de navires et de capacitĂ©, nous consolidons tous nos marchĂ©s et notamment ceux qui sont nouveaux pour nous, comme par exemple les BalĂ©ares. »
Lâindustrie du ferry en MĂ©diterranĂ©e change
En effet, le paysage du ferry en MĂ©diterranĂ©e se modifie. Ainsi, MSC a pris une participation dans lâopĂ©rateur Moby Lines. Celui-ci assure des lignes parfois concurrentes avec GNV. En prenant 49% de cet armement, MSC met un pied dans un autre armement mĂ©diterranĂ©e. « Cela nâa pas dâeffets pour notre compagnie », explique le Pdg de GNV. Quant au rachat de FRS par DFDS, sur le dĂ©troit de Gibraltar, GNV constate que le marchĂ© du ferry se confronte Ă des changements en raison des rĂšglementations environnementales. Des changements rĂ©cents qui restent difficilement mesurables pour le moment.
Pas de nouvelles dessertes attendues
Alors la pĂ©riode qui sâouvre pour GNV doit permettre de se concentrer sur ses marchĂ©s actuels. Lâouverture de nouvelles lignes vers lâAfrique du Nord reste encore des hypothĂšses. Lâarmateur nâa jamais cachĂ© son intention de desservir lâAlgĂ©rie depuis lâEspagne ou lâItalie ou la France. « Nous disposons de contacts localement. Cependant, cela peut prendre du temps », indique Matteo Catani. Quant au dĂ©veloppement de nouvelles dessertes au Maroc, elles ne sont pas dâactualitĂ©. Lâarmateurrappelle quâil a rĂ©alisĂ©, par le passĂ©, des rotations avec Dakhla, dans le sud marocain. « Il est difficile dâentrer en concurrence avec la route sur le Maroc en raison du coĂ»t faible du transport routier local. Desservir Casablanca ou Dakhla depuis lâEspagne doit se faire Ă un coĂ»t intĂ©ressant pour les opĂ©rateurs logistiques et les passagers. Or, la solution sur Nador ou Tanger puis le trajet par la route au Maroc reste Ă des prix bas. »
Un investissement dans quatre navires
La stratĂ©gie de consolidation des lignes passe par un renouvellement de la flotte. GNV sâest engagĂ© dans un programme de construction de navires neufs. La flotte actuelle dispose de 25 navires, dont 20 en propriĂ©tĂ© et 5 affrĂ©tĂ©s. Le programme de nouveaux navires comporte quatre unitĂ©s. Le premier navire est attendu en dĂ©cembre 2024. Ensuite, un navire sera dĂ©livrĂ© chaque six mois. Les deux premiers navires disposeront de scrubbers pour rĂ©pondre aux rĂšglementations environnementales. Quant aux deux derniers, ils seront propulsĂ©s au GNL.
Offrir une plus grande fréquence
Pour le Pdg de GNV, « ces navires sont conçus pour amĂ©liorer, renforcer et optimiser les lignes que nous opĂ©rons actuellement. Nous pourrons offrir une plus grande frĂ©quence et une plus grande capacitĂ© tant en fret que pour les passagers. » Ainsi, lâarmement veut optimiser sa flotte mais surtout lâadapter aux contraintes environnementales. En effet, pour les deux dirigeants de lâarmement, lâentrĂ©e en vigueur du systĂšme des ETS, le 1er janvier 2024, doit ĂȘtre pris en compte. « Des taxes qui ont un impact important sur nos coĂ»ts. Cela nous prĂ©occupe », admet Matteo Catani.
Le systÚme des ETS impactera les coûts opérationnels
Et mĂȘme si lâarmement nâa pas encore rĂ©alisĂ© de projections de lâimpact de ces ETS, lâeffet sera indĂ©niable sur le prix de passage. Chaque navire doit calculer ses coĂ»ts opĂ©rationnels en ajoutant cette taxe dĂšs le 1er janvier. « Nous analyserons lâimpact pour chaque navire et selon les liaisons quâil rĂ©alise. Nous devons tenir compte du prix affichĂ© par nos concurrents pour consolider notre position. Il est certain que le coĂ»t de lâETS se rĂ©percutera sur le prix du client final, fret et passager. »
RĂ©duire la vitesse des navires
Lâautre solution pour Ă©viter un effet trop important de cette taxe consiste Ă rĂ©duire la vitesse des navires, « dĂšs lors que cela ne nous fait pas perdre des parts de marchĂ©s », prĂ©cise Matteo Della Valle. Quant aux navires actuels, GNV prĂ©voit aussi des investissements pour rĂ©duire lâempreinte environnementale. Il rĂ©flĂ©chit Ă remplacer les hĂ©lices ou appliquer de nouvelles peintures.